Liberdade

Liberdade

Le crime

Pour avancer, il m'a fallu croire que tu étais mort. Pour survivre, j'ai du te tuer. Assassiner ton image et ton souvenir. Meurtre avec préméditation. Seule issue à ma survie.

J'ai choisi la date et l'heure. Délai morbide d'une délivrance utopique. Je me suis cloîtrée chez moi. Rideaux tirés. Téléphone débranché. Abonnée absente au monde extérieur.

Il fallait que ce crime soit réussi. Du premier coup. Pas de failles. Pas de faiblesse. Le délai était dépassé depuis si longtemps déjà. J'en avais trouvé des excuses pour le reculer à chaque fois, misant sur ce destin qui nous avait toujours réunis. Misant sur cet amour auquel je croyais si fort.

J'ai allumé une bougie. Verte. Longue et épaisse. Le rituel était prêt. Je me suis couchée. Ai pris une boite d'allumettes, en ai saisit une et ai allumé la bougie. Le compte à rebours commençait. Une fois la bougie consummée, tu serais mort. Il me restait ce temps-là pour faire le deuil. Pour enfouir au plus profond de moi-même ces dernières années. Enfouir le vécu et l'invécu, le réel et l'illusoire, les larmes de joie et les cris de douleur.

Il fallait dormir maintenant. M'endormir pendant que cette bougie se consumait. Pour qu'au réveil, une fois consommée, tu sois enfin mort. Et j'ai dormi. Dormi des heures et des heures. Moments de plénitude où tous mes rêve me ramenaient à toi. Jamais durant ces dernières années, je n'avais rêvé de toi avec autant de passion démesurée, avec autant de bonheur et de projets entremêlés. Tu m'offrais soudain en une nuit tout l'amour qui suffit à une femme pour vivre, même dans l'absence.

Et l'absence, j'en avais fait mon but puisque je t'avais tué.

Je m'éveillai doucement, comme une enfant qu'on a laissé dormir longtemps, très longtemps.Toute imprégnée du rêve dont ma nuit s'était appropriée. Il y avait du soleil au-dehors qui me parvenait au travers des rideaux. Ca allait être une belle journée. Je me surpris à sourire en pensant aux rayons de soleil qui viendraient se noyer dans mes yeux tout à l'heure.

C'est en voyant la bougie consumée sur la table de nuit que la réalité me revint à la mémoire. Brutalement.

Tu étais mort. Hier soir, j'avais enclenché le processus de deuil. Aujourd'hui, je devais le terminer. Procéder à l'enterrement...

A défaut de cercueil, je pris une boîte. Sorte de petit coffret en cuir où je déposai tout qui t'avait appartenu, tout ce que tu m'avais offert. Toutes ces choses de notre passé qui n'avaient plus de raison d'être. Il fallait que je me sépare de tout. Faire le vide complet afin de, plus tard, pouvoir enfin le remplir  nouveau avec un autre vécu. Qui me ferait moins mal. Qui ne m'anéantirait pas.

J'y ai tout déposé et je l'ai jeté à la mer, loin, très loin dans l'océan. Pour qu'il ne revienne jamais à la surface. Pour arriver enfin à faire le néant de tout ce que tu avais été.



14/01/2007
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