Liberdade

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Juan, Muriel et Dali

Juan sortit de l'immeuble encore étourdi par tout ce qui s'était passé ces dernières heures. Tout s'embrouillait dans sa tête. Ce Monsieur, jusqu'alors inconnu, qui veillait sur Marie et sur lui depuis la mort de leur père... Ce père qui les aimait mais dont l'amour qu'il portait à sa femme lui était essentiel, vital...

Le soleil se levait à peine, la rosée était fraîche et il remonta le col de son blouson, mit ses mains dans ses poches et se dirigea vers la bouche de métro la plus proche. Il pensa soudain à Marie. Il était six heures du matin et son portable restait silencieux. A cette heure-ci, elle aurait dû s'inquiéter et l'appeler pour avoir de ses nouvelles. Il prit conscience que quelque chose avait dû se passer. Mais il était encore ailleurs, ses pensées étaient ailleurs. Il avait du mal à se concentrer sur quelque chose. Il n'avait aucune envie de rentrer et se dirigea vers le port. Il marcha longuement. La brise du matin le faisait se sentir vivant, un peu comme si elle lui insufflait une envie de vivre qu'il avait jusqu'alors laissée enfouie au plus profond de lui, trop préoccupé du bien-être de Marie. Il prit conscience qu'il n'avait vécu que pour elle, niant totalement sa propre existence. Oh, il ne regrettait rien... juste peut-être de s'être oublié lui-même.

Il s'assit à même le sol, tout près d'un bateau qui était amarré et regarda vers le ciel. Un sourire vint illuminer son visage, il se sentait heureux, comme apaisé. Les événements de cette nuit lui troublaient encore l'esprit, mais il se sentait libre soudain. Son regard fut attiré par une silhouette toute recroquevillée sous le pont, alors tout comme il avait été aidé cette nuit, il eut envie lui-même d'aider. Il s'approche du corps et réalisa qu'il s'agissait d'un chien. Un dalmatien, et qui faisait plutôt hommage à sa race tellement il était beau et typé. Il le caressa et le chien ouvrit un oeil, et puis tout naturellement commença à lui lécher les mains. Juan regarda à gauche, à droite pour voir si un maître n'était pas dans les environs, et ne vit personne. Il tâta son cou et ne trouva pas de collier. Le chien s'était redressé et chercha à jouer avec lui. Il en fut ému et il lui vint alors à l'esprit la pensée que s'il partait, peut-être que le chien le suivrait ? C'est ce qui arriva, l'animal commença à trotter à ses côtés, comme si déjà ils s'appartenaient l'un l'autre. Sur un panneau publicitaire auprès duquel ils passèrent, était annoncée une prochaine exposition des oeuvres de Dali. Il sourit, regarda le chien et murmura "Dali". Celui-ci tourna les yeux vers lui en balançant la queue, il avait l'air si heureux.

Se dirigeant vers son appartement, accompagné de son ami tout récent, il resongea à sa soeur. Mille et une pensées se bousculaient à nouveau dans sa tête. Pourquoi Marie ne l'avait-il pas appelé? Se passait-il quelque chose? Il arriva devant l'immeuble avec une angoisse encore inconnue jusqu'alors qui lui broyait l'esprit, monta les escaliers quatre à quatre, ouvrit la porte et courut dans toutes les pièces. Son angoisse s'amplifia. Au salon, il remarqua l'interrupteur du répondeur qui clignotait. Il le mit en marche :

- Coucou frérot, je ne rentre pas cette nuit, je vais rester chez Muriel (ben, voilà autre chose, c'est qui  cette Muriel?,  songea-t-il). On doit préparer notre thèse sur La philosophie de Descartes et on n'aura pas assez de la nuit pour tout finaliser. Comme elle est connectée à internet, on aura plus de facilités chez elle pour nous documenter.

Il ressentit à nouveau cette impuissance qu'il avait si souvent ressenti par le passé de ne pouvoir lui offrir le meilleur. Dali dut sentir le malaise et vint se frotter contre lui. Décidément, ce chien avait le don de l'apaiser. Il le caressa, prépara un café et s'installa dans le fauteuil pour attendre le retour de sa soeur. Il n'avait pas sommeil, trop d'événements étaient venus le bousculer depuis quelques heures. Il s'assoupit et se réveilla brusquement lorsque Marie rentra avec les croissants chauds et ... Muriel.

Un ange passa. Reconnaît-on l'amour lorsqu'on le rencontre ? le reconnaît-on directement ? et si oui, à quel signe ? quoiqu'il en soit, en regardant Muriel, il fut comme hypnotisé, il se noya dans ses yeux, littéralement soumis à ce destin qui soudain lui faisait face et qui lui parut si évident. Muriel, de son côté, ne put détacher son regard de ces yeux si beaux, si noirs, si expressifs, de cette âme qui semblait parler directement à la sienne.

Ils s'étaient rencontrés, le destin leur avait donné rendez-vous et ils y étaient.

 



19/03/2007
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